Il y a quelques années, dans un café chic, style européen, au cœur de Tunis, vers dix heures du matin, j'attendais un ami, les yeux plongés dans mon journal, quand je fus, soudain, arraché à ma paisible lecture par la voix d'une femme en colère qui débitait un flot impressionnant d'insultes et de grossièretés face à l'assistance, en majorité masculine, surprise et gênée. Je levai les yeux. Il s'agissait d'une jeune, la trentaine ou moins, frêle, en jean, la chemise largement ouverte, les cheveux courts, coupe garçonne.